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Laurent Aubin, graphiture & barbouillure
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Laurent Aubin, graphiture & barbouillure
2 février 2021

L'agenda - chapitre premier


Bien entendu, on peut toujours prétendre que la pénombre, c'est pour les autres. Après tout ce qui demeure, ou tout au moins ce qu'on veut préserver, c'est la conscience. On ne parle plus de formel, de convenu ou de conforme, Il ne s'agit plus d'exclusivité ou de la façon dont on serait hypothétiquement perçu, mais bien de ce que l'on perçoit. Ce que chacun d'entre nous, humains, percevons, et pour se faire de la lumière. Cependant, le jour ne se fait que dans l'ombre, c'est navrant certainement, mais c'est ainsi.

 


 

Chapitre premier - Moi

 

 

En voilà un titre à la con! une question qui n'interesserait personne, à part moi, bien entendu. Encore une fois désolé de casser si tôt mon bel effet (et je n'ai pas fini de demander pardon), mais c'est tout l'objet du chapitre car de quel moi s'agit-il? non, je ne suis pas schysophrène, je suis simplement conscient du fait que si j'écris, qui que je sois et quoi que ce soit, je m'adresse au lecteur, à moi-même ou un autre. Et puis c'est tout de même un peu tout le propos, cette affaire de conscience. J'ai tendance à éprouver une forme de répulsion pour les spécialisations, comme les techniques et les procédures, je suis vieux jeu sans doute, peut-être primaire, et je n'ai pas l'intention de dédier cet ouvrage à la psychanalyse. Un domaine qui ne relève pas plus que le neuro marketing de mes pauvres compétences. Tout est nombre selon Pythagore, tout est fréquence, tout est langage en somme. Et si, comme je l'évoquais précédement la corruption naît du confort, elle provient du langage, d'abord. Je sais bien n'être qu'un point de vue parmi tant d'autres d'une même existence au fond, un trésor que je suis voué à préserver, observer et restituer. Comme l'enrichissement, le conformisme est corrompu, une perversion du langage. Sans doute afin de retransmettre. Après tout, un tunnel est un passage.

 


 

Bleu. Pas bleu cobalt ni un bleu franc; bleu pale. Ce n'est pas si ancien ce souvenir de la couleur des blouses. Peut-être me trompès-je, car on ne se souvient pas, si loin dans sa petite enfance: ça ne sert à rien et c'est même inutile, la mémoire se construit, elle est constitutive. Ce doit être une sacrée expérience de naître, mais je ne m'en rappelle pas - je dormais certainement ou bien j'étais ailleurs. D'ailleurs ma mère devait dormir. Je me souviens de ma nièce qui plus tard me rendait un objet quand je le lui tendais, je ne me souviens pas de ma fille se faisant, ni moi-même de l'avoir fait. Son premier mot fut papa! Pourtant tous les bébés le font, avant même de parler. Je me rappelle de ces murs toujours un peu mouvants comme de ces quelques objets... des voix parfois et surtout de la douceur, des touchés, des goûts ou des températures, de cette petite enfance comme d'un long réveil. je me rappelle mes premiers pas dans le couloir depuis la cuisine carrelée de noir et blanc, vers maman, et d'avoir dit un mot à papa, une fois. Et franchement, tout ça, on s'en fout!
Ce que je sais c'est qu'à cet âge, souvenirs, images passées ou présentes s'entremêlent. Il n'y a pas d'intérieur ni d'extérieur. Pas de concept, pas de dissociation ni même d'association. Il n'est même pas question de moi, je suis tout simplement là, prenant conscience d'une réalité sans cesse renouvelée. Le mienne sans doute...

 


 

Et bien ça y est, nous somme désormais le premier février et je suis toujours là, non loin du lieu de ma naissance et toujours aussi dénudé, voir plus. J'ai pris de la distance, peut-on parler d'ampleur? j'ai nommé tout ce qui m'entoure et je peux tout décrire et tout peindre et dépeindre, et, j'en suis convaincu, sans trop de complaisance. Je ne suis plus un bébé, je ne suis plus un jeune homme, je suis moi, encore moi. Moi qui ai appris les codes multiples (dont quelques langues) d'une société qui se délite, moi qui ai découvert tant de détails cachés et mis en lumière les articulations entre les mots, entre les gens et tous ces événements. Depuis la grotte de Platon jusqu'à l'obscurité d'un  piège qui semble implacablement se refermer sur toute l'humanité, du peu que mon bref séjour m'a laissé entrevoir et comprendre de ce monde, je n'ai en fait rien découvert vraiment. La pièce est terminée dévoilant de véritables intrigues, des acteurs de l'ombre, des lieux transfigurés, bouleversés... le rideau a du se casser la figure. J'étais en retard. Pourtant la règle des trois unités avait été respectée, mais tout n'était qu'en apparence. Alors comment relater une situation dont moi, comme tout autre figure autant l'acteur qu'un spectateur sans en déterminer son rôle, sa place ni son décor et ses répliques? 

 


 

Quant à moi, j'étais un gamin mignon. Timide au début, jusqu'au cours moyen en tout cas. Je me souviens qu'un jour, la même année peut-être quand, juché sur un gros tas de terre foisonné lors d'une récréation j'avais du endurer les huées, non pas de quelques uns, mais de l'ensemble de mes camarades de classe pour m'être, à bout de ressources, plaint de l'un deux au "maître", je me souviens qu'un jour donc, mais plus tard que celui-ci et qui scellait à jamais mon sort de rebelle à l'ordre établi, j'eu une révélation. Bien commune sans doute, mais déterminante... scrutant l'âme de l'un d'eux je lui posais cette question qui demeura elle aussi, à jamais, sans réponse: "Mais, pourquoi t'es toi et pourquoi j'suis moi?"

 


 

Ce livre n'a pas de plan. Ce n'est pas plus un compte-rendu journalistique qu'une autobiographie, ce n'est pas même un bouquin; un témoignage. Quant à moi? autant le révéler tout de suite, ce n'est, je pense, un secret pour personne: moi, je n'existe pas car terre et roi sont un....

 

 

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